Voici les paroles de la chanson de Jean Leloup ‘Retour à la maison’
https://www.youtube.com/watch?v=8mJzDzuEaQY
Encore un départ, d’une institution
Un centre de réadaptation
J’ai l’impression d’avoir toujours été
Un malade à soigner
Le petit lit défait, la table de chevet…
Je suis allé trop loin
Retour à la maison
Seul, si seul, j’ai froid, j’ai peur
Comme j’ai mal, passe les heures
Accepter ou devenir fou
Casser tout, mais j’ai tant fait de mal
À lui qui avait planté, un arbre dans l’entrée
Malgré tout
Retour à la maison
Comme le temps est long
Je revois, ma silhouette sans gloire,
Saoule sous les trottoirs
Alcoolique ou narcomane
il y a quelqu’un qui rit, dans mon cerveau en panne
et je pris
La paix n’a pas de prix
Comme le ciel est gris
Comme le temps est gris
Retour à la maison
Dans le taxi où tu souris
Retour a la maison
Que dire de plus
Une maladie, un défaut de fabrication
À quoi bon
On m’assure qu’il y a encore espoir
Je veux tellement y croire
Je veux tellement y croire
Mais mon âme est si noire
Mais mon âme est si noire
Retour à la maison
Retour à la maison
Retour à la maison
Dans mon cas personnel, je n’ai jamais été interné en psychiatrie et j’espère fortement que ça ne m’arrivera jamais. J’ai cependant un ami proche qui fait occasionnellement des séjours à l’hôpital pour le traiter car il semble qu’il a parfois des moments où il se met à divaguer ou à fausser la réalité. La vie est un événement triste car lui aussi est l’une des meilleures personnes que je connaisse. Il oeuvre au sein d’organismes communautaires depuis de nombreuses années. Il encourage ceux qui vivent des épreuves. C’est sa vie, c’est la mission qu’il s’est donnée, c’est un homme courageux, droit, sincère, sans méchanceté et même bien au contraire et pour lui c’est très valorisant. Il a pourtant lui-même ses problèmes, ses misères et ses déceptions. Je le trouve tellement courageux. Il m’inspire et il inspire beaucoup de gens. Il est, justement ces jours-ci, encore à l’hôpital pour être traité. Il a dans ses proches, deux personnes qui souffrent de cancers, un de ses oncles qu’il aimait beaucoup vient de décéder, plus les peines de ceux qu’il soutient, alors j’imagine que les pressions sont trop fortes pour lui ces temps-ci. Je réfléchis aux paroles de Jean Leloup dans sa chanson ‘Retour à la Maison’ où il mentionne qu’il a « un défaut de fabrication ». Oui, je suppose que des êtres humains comme moi, comme mon ami Mike, comme mon ami Réjean, comme Sylvie et comme tant d’autres, nous avons tous un défaut de fabrication. Je pense aussi que beaucoup de gens qui se sont jetés dans la drogue ou l’alcoolisme avaient déjà en eux ce défaut de fabrication dont parle Jean Leloup dans sa chanson. Ils ont essayé de trouver quelque chose pour atténuer la douleur au-dedans d’eux.
Pourtant mon ami Mike n’y a rien à voir avec les ‘drug addicts’. Que je sache, il n’a jamais pris de drogue et n’en prend certainement pas, mais sa médication en est une, à n’en pas douter. Je suspecte beaucoup que ces drogues créent une dépendance et qu’en ce sens, elles ne sont pas différentes des drogues vendues sur le marché noir. Je me méfie de tout ça comme de la peste et je préfère être dépressif que de dépendre de drogues. Mike souffre d’un débalancement chimique dans son organisme. Le cerveau produit différentes substances chimiques et si l’une d’entre elle n’est pas produite en quantité suffisante, cela occasionne des troubles psychologiques. Mike ne souffre pas de dépression chronique mais d’autre symptômes dont il m’a parlé quelques fois, néanmoins je suis très capable de comprendre ses souffrances, qu’il a des maux différents des miens mais qui ont leurs côtés probablement aussi pénibles.
Voici ce que j’ai écrit sur la dépression chronique :
La dépression chronique c’est une souffrance intérieure, le mal de vivre.
La dépression chronique nous empêche d’apprécier les belles choses de la vie.
La dépression chronique c’est de vouloir mourir même s’il fait beau soleil, même si c’est une journée splendide.
La dépression chronique c’est comme un enclume qu’on porte autour de sa tête. C’est de voir tout en noir, gris et terne. C’est de voir la vie comme une tristesse sans fin.
La dépression chronique c’est de voir partout autour de soi les misères des gens et de se sentir impuissant à les secourir, ou du moins en grande partie.
La dépression chronique c’est de s’affliger du mal qu’on voit autour, s’affliger de l’égoïsme de l’être humain envers ses semblables, envers les animaux, envers la nature, la dureté du coeur, l’injustice, les inégalités, les crimes économiques, les génocides, la haîne…
La dépression chronique c’est un combat de tous les jours, contre un adversaire de taille, un géant.
La dépression chronique a ses moments où elle est plus forte que d’habitude. Elle dépend aussi des événements de grand stress qui la décuplent de façon exponentielle, jusqu’à la dépression profonde.
La dépression chronique c’est d’être parfois vidé, sans énergie et de devoir aller dormir au beau milieu de la journée.
La dépression chronique c’est la honte d’appartenir à la race humaine, le regret d’être venu au monde.
La dépression chronique c’est de faire, nuit après nuis, des rêves tristes, moches, noirs et des cauchemars.
La dépression chronique c’est de ne pas trouver de raison suffisante pour justifier notre existence.
La dépression chronique c’est de vivre un peu comme un pendule, sur un genre de pilote automatique.
La dépression chronique c’est de survivre surtout pour ceux qui nous entourent, ceux qui malheureusement dépendent de nous, (même un petit animal) mais pas pour soi-même.
La dépression chronique c’est de vivre régulièrement avec des pensées suicidaires, le désir de mourir pour ne plus souffrir.
Et pourtant… J’arrive à faire de belles choses à force de patience et de persévérance. Il faut essayer d’oublier, s’occuper l’esprit et faire des choses constamment. Lire, travailler, construire, se documenter, aider ceux qu’on peut, écrire…
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La dépression chronique expliquée par Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dysthymie
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Je ne prendrai plus de médicaments. Non merci, plus pour moi.
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Je ne suis pas un cobaye, ni la proie des compagnies pharmaceutiques… et de leur lobbying.
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Tant pis pour ceux qui me rejettent. Ils ne connaissent pas l’intensité de mes combats quotidiens. Je suis né avec un système nerveux déficient… mais j’ai aussi des forces et des qualités que j’ai développées.
J’espère que ce que j’ai écrit sur moi-même pourra aider des gens qui vivent des épreuves du genre et qui ont vu des choses identiques en eux. Quand on ne vit pas quelque chose d’intense au fond de soi, on ne peut que comprendre en surface.
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Florent Beauchemin